Réflexions autour d’images ordinaires, de photos prises par des amateurs, des portraits, des dessins, des œuvres de photographes de proximité. Comme un album où chacune et chacun sont invités à contribuer.
L’entonnoir ? À plusieurs reprises, lors des manifestations du Collectif des 39 contre les mesures d’isolement et de contention, en 2017-2018, des soignants et des psychiatres se déguisaient en… malades. Et pour que l’image soit claire, ils se mettaient sur la tête un entonnoir. Tout le monde riait de cet entonnoir. Dans les Mad Pride, ce symbole était repris à profusion.
Un entonnoir pour symboliser la folie ? Quelle drôle d’idée ! Au Moyen-Âge, puis durant la Renaissance, l’entonnoir a symbolisé la transmission du savoir. Du moins lorsqu’il a la pointe dirigée vers le bas. La pointe vers le haut, c’est au contraire l’idée de la « fuite » des idées vers le ciel… En d’autres mots, la folie. Et cela est resté : le fou, le déglingué, l’inversé.
Faut-il, alors, trouver ce déguisement opportun ? Je me souviens d’un homme, assez âgé, charmant, dont le fils était schizophrène. Il participait aux réunions des « 39 », avait une grande douceur et parlait avec beaucoup de sollicitude de ce fils dont l’avenir l’inquiétait. Et ce n’est qu’à la fin d’une réunion qu’il l’a dit tout haut : non, il ne trouvait pas cela drôle du tout. Il percevait cette image comme de la moquerie, les fous, à l’entendre, étaient déjà assez exclus, nul besoin d’en rire…
Éric Favereau