fous

Un article de discussion d’un cas clinique paru au début du vingtième siècle attire mon attention par la formulation du titre qui présente un cas « conscient de sa situation ». Un jeune homme atteint d’une paralysie générale suite à une syphilis se donne la mort. Pourquoi se pend-on quand on souffre de paralysie générale ? Pour nous, c’est évident : pour échapper aux souffrances qu’endurent les autres patients. En 1911, la question n’est pas tranchée : ce passage à l’acte ne résulte-t-il pas d’un accès dépressif lié à la paralysie générale ?

Schizophrène, autiste, neurodivers, normal. Aujourd’hui les frontières sont floues, en santé mentale des diagnostics se font et se défont, toujours plus contestés. Le jeudi 16 mai nous en avons débattu avec Bruno Falissard, pédopsychiatre, Juliette Speranza, philosophe, membre de France neurodiversité, Olivia et Fred, membres de l’association d’Humapsy. Extraits – choisis de façon un peu aléatoire - du débat.

La demande de diagnostic est évidemment compréhensible, légitime pour quelqu’un qui cherche à savoir ce qui se passe en lui, « dans sa tête » comme on dit. Pour les personnes de l’entourage cette question survient, chargée d’inquiétude : « mais qu’est-ce qu’il lui arrive ? », Mais trop souvent cette demande est transformée en une sorte d’injonction à désigner, non pour rassurer mais pour affirmer un savoir.

C’était finalement une bonne idée : faire l’impasse sur la question de la crise et les moyens. Et imaginer tout simplement l’avenir de la pédopsychiatrie, cette discipline essentielle mais aujourd’hui sinistrée. C’est en tout cas l’idée du travail qu'a terminé Bruno Falissard, qui préside la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et des disciplines associées. Un rapport, intitulé «Quelle pédopsychiatrie pour le second quart du XXIe siècle ?».

Le 7 décembre 2019 a eu lieu une manifestation mémorielle en hommage aux patients décédés de dénutrition à l’hôpital psychiatrique de Vendée pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce texte est extrait d’une recherche personnelle menée à cette occasion.

« L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation ! », écrivait Averroès, le célèbre philosophe andalou du XIIe siècle. Nous en sommes encore là !

Si un Persan venait à atterrir en France en ce mois de mars 2024, et si dans son périple il venait pour s’enquérir de l’état de santé de la psychiatrie – et pour cela regarderait films, expositions, voire visionnerait des documentaires sur ce thème –, il en sortirait globalement admiratif et confiant, tant ce qu’on lui montre ces jours-ci a un côté bienveillant et nostalgique.

Ces deux dernières années, publications multiples, expositions, émissions sont consacrées au catalan François Tosquelles et de certaines pratiques que le chef de service de l’asile de Saint-Alban en Lozère développa, comme sortir des locaux, avoir des activités artistiques, confier aux patient.e.s la rédaction d’un journal interne. Cette présence interroge...

Comment garder le contact avec la folie ? À l’occasion de l’exposition « Toucher l’insensé » au Palais de Tokyo à Paris, c’est la question qui demeure. Voilà trois lieux du passé sur lesquels s’attardent cette exposition, ouvrant de petits morceaux d’archives restées dans les cartons, et les bandes vidéo dans les boîtiers entre 1950 et 2000.

Depuis très longtemps, on ne sait nommer les personnes malades. Le mot fou est chargé d’un poids ancestral de peur et de rejet. Ne serait-ce pas, parce qu’il touche en chacun de nous, en chaque personne, en chaque individu, un « point » hypersensible et… inquiétant ?