L’injection sans salle de consommation (3/3)

Dans le cadre d’une Étude préliminaire à l’ouverture d’une salle d’injection à Marseille (Eposim) menée par le Sesstim*, des usagers de drogues injecteurs, munis d’un appareil photo jetable, lèvent le voile sur leurs lieux et pratiques de consommation. 

La vie quotidienne

« C’est là où on prend la drogue et ce qui est intéressant, c’est que c’est la vie quotidienne, il y a des gens, le tramway, des voitures, plein de gens qui ne se doutent pas de ce qui peut se passer à 20 mètres d’eux, dans ce lieu-là. » 

Toilettes publiques

« Les seules toilettes publiques de Marseille, qui sont fermées ! Du coup, ça fait un lieu de shoot. On peut se mettre sur le toit, on grimpe un peu pour shooter. Tu ne peux pas le faire dedans, tu le fais au-dessus. Il n’y a pas de toilettes publiques à Marseille, donc pour les gens qui sont à la rue, c’est vraiment galère, ils sont obligés de pisser dans la rue… ou de pisser sur les chiottes publiques qui sont fermées. Cette photo pose la question de l’absence de toilettes et de l’absence de salle de conso. » 

Parking

« C’est un coin de parking, un des endroits où on a l’habitude d’aller. On shoote entre deux voitures, mais on n’a pas trop le droit d’y aller. Alors, le vigile de la sécurité vient nous casser les couilles, on ne peut rien faire, on est fliqué de partout. Le paradoxe, c’est qu’à 200 mètres de là, on donne du matériel propre pour que les gens injectent proprement, avec des conseils adaptés, etc., et les gens se retrouvent à shooter dans des lieux complètement insalubres, dans des conditions d’hygiène dégueulasses. » 

Fuck the « cystème » 

« Il y a pas mal de vieux usagers, de vieux « toxicos » qui, en vieillissant, se sont clochardisés et qui étaient dans une espèce de rébellion dans les années 1970-1980, « Fuck the system », etc., et qui, à force de fucker le système, sont vraiment devenus… Parfois, on se laisse prendre au piège par une espèce de fausse conviction, de fausse rébellion, et on se retrouve pris dans un piège dont on n’arrive plus à sortir. » 

La Bible

« Celle-là, je l’aime bien parce que moi, je suis chrétien, je lis la Bible et tout. Au moins pour faire comprendre qu’on n’est pas seulement toxicomanes et qu’on ne comprend rien. » 

Isabelle Célérier

* Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l’information médicale 

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