L’injection sans salle de consommation (2/3)

Dans le cadre d’une Étude préliminaire à l’ouverture d’une salle d’injection à Marseille (Eposim) menée par le Sesstim*, des usagers de drogues injecteurs, munis d’un appareil photo jetable, lèvent le voile sur leurs lieux et pratiques de consommation. 

Ne pas être dehors

« Je n’ai jamais aimé être dehors. Je préfère être dans un lieu, une cage d’escalier ou un truc. On essaye de ne pas être visible, on va dans un endroit où on ne nous voit pas. Là, c’est tranquille. » 

Cage d’escalier

« Ça, c’est la cage d’escalier, et ça, c’est le matos et le sac où je mets mes affaires. Bouteille d’ammoniac, seringues, eau, cups… tout le matos pour consommer. Soit je prépare le truc avant et je me le mets direct, ou quand je le fais là, c’est stressant. La porte ne ferme pas, donc quand les gens rentrent… Quand tu galères à faire ton truc, si tu dois réfléchir aux gens qui passent, etc., tu n’y arrives pas, tu commences à trembler, tu mets à côté, et c’est la cata. Du coup, c’est vraiment un stress de plus de ne pas avoir un endroit pour le faire. Des fois, je me mets un peu plus haut. » 

En vue mais caché

« C’est typique des lieux qu’on essaye de trouver, même si ce lieu est très en vue. De toute façon, c’est toujours très en vue, pas forcément pour l’injection, pour tout ce qui va avec ce genre de pratique. C’est juste que les gens ne remarquent pas forcement, soit parce qu’ils ne veulent pas et qu’ils détournent le regard, soit parce qu’ils ne savent pas, ne tiltent pas. Mais en général, ça se passe quand même à la vue de tout le monde. C’est en vue mais caché, les gens n’ont pas envie de regarder par là en fait. Le but, c’est d’aller dans des endroits les plus désagréables possible pour que les gens n’aient pas envie d’y jeter un œil. » 

Toilettes de chantier

« Tu as une petite boîte comme ça, le mec qui shoote dedans et tout le monde qui passe à côté. Des chiottes publiques, des chiottes normales, ça va, mais là, un petit truc en plastique comme ça, qui fait 2 mm d’épaisseur, tu ne t’imagines pas ce qui se passe dedans. Il y a plein de personnes qui marchent à côté, et c’est d’une crasse… »  

Isabelle Célérier

* Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l’information médicale 

À suivre…

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