Nous, vieux de plus de 65 ans, représentons 20% de la population et ce nombre ira croissant. Beaucoup d’entre nous ont de plus en plus de mal à se sentir encore intégrés à la société. Il n’est plus possible que cela continue ainsi. Nous sommes des citoyens à part entière, nous entendons faire respecter nos droits et continuer d’être considérés comme des actifs au sein de la collectivité. Nous ne voulons plus être ignorés, culpabilisés, jamais consultés sur les décisions importantes socialement, plus particulièrement celles qui nous concernent.
Au nom de tous nos pareils, nous voulons que cela change.
1 – Notre première revendication est la création d’un Conseil national consultatif des personnes vieilles (CNCPV). Pour que les politiques publiques prennent davantage en compte nos spécificités. Le CNCPV fonctionnera comme le CNCPH pour les personnes avec handicap. Il devra être consulté sur tous les projets de loi, règlements et décisions publiques pouvant avoir un impact sur nos vies. Il agira aussi comme aiguillon auprès de toutes les administrations et collectivités territoriales pour les inciter à une meilleure prise en compte de nos besoins et attentes.
2 – Notre deuxième souhait est que tous les citoyens âgés puissent avoir accès à leurs droits, à tous leurs droits, et puissent les exercer. Il appartient aux administrations de les aider à cela, et de s’organiser en conséquence pour être facilement joignables ou pour mettre à disposition les actions de formation ou d’accompagnement nécessaires.
3 – Nous ne voulons plus des Ehpad tels qu’ils fonctionnent actuellement. Il faut transformer radicalement le modèle et abandonner ce sigle qui signe trop bien ce contre quoi nous nous révoltons : être concentrés par dizaines dans des lieux collectifs au sein desquels nous perdons toute singularité et identité et sommes réduits à n’être plus que des objets de soins, au prétexte que nous avons besoin d’aide au quotidien. Des alternatives existent. Expérimentons-les, développons-les.
4 – Nous appelons de nos vœux une médecine qui s’intéresse à notre qualité de vie et à l’entretien de notre autonomie sous toutes ses formes, plutôt qu’à la seule protection de nos jours. Nous souhaitons aussi qu’elle sache nous accompagner à mourir, tel que nous l’entendons.
5 – Nous voulons qu’il soit donné une priorité au suivi et à l’accompagnement des personnes âgées les plus précaires et les plus dépendantes en milieu rural aussi bien qu’urbain. La question de leurs ressources économiques est aussi vitale que celle de leur isolement chronique et de leur nécessaire ré-inclusion.
6 – Enfin, nous souhaitons être davantage reconnus comme utiles à tous les niveaux de la société. À cette fin, nous demandons à être beaucoup plus largement qu’aujourd’hui intégrés dans les structures de proximité impliquées dans l’éducation, la formation continue, la vie culturelle ou politique locale, l’aide aux personnes handicapées, aux personnes vieilles, ainsi qu’aux personnes en situation de vulnérabilité socioéconomique. Cette implication citoyenne devra être reconnue, valorisée et encouragée.
La société a changé, les vieux aussi. Nous ne voulons plus être repoussés à ses marges. Nous voulons prendre notre part et continuer de contribuer à la construction de notre avenir, à celui de nos enfants et de toute notre jeunesse. Nous demandons à être reconnus et respectés dans notre identité, chacun avec notre histoire et notre expérience singulières, et dans notre statut de citoyen.
Voilà pourquoi nous vous demandons solennellement de vous engager publiquement en faveur de ces six points, en nous promettant notamment la création, dès la première année de votre mandat, du CNCPV que nous appelons de nos vœux pour qu’enfin les grandes orientations politiques du pays tiennent compte de notre voix : Rien pour les Vieux sans les Vieux.
En vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien porter à ce courrier et dans l’attente impatiente de votre réponse,
Citoyennement vôtre,
pour le CNaV,
Francis Carrier, Éric Favereau, Nicolas Foureur et Véronique Fournier