La publication récente du livre enquête de Victor Castanet révélant un système de maltraitances et de pratiques de privation souterraines dans les Ehpad du groupe Orpea a provoqué un choc médiatique dans un contexte à vif depuis trop longtemps.
Dans ce contexte, on aurait pu penser voir se développer un débat éthique sur les conditions de vie, de fin de vie et de droits dans la prise en charge et l’accompagnement des vieilles et vieux, notamment dépendants.
On aurait pu penser dans cette période pré-électorale, que cette enquête accélère un débat majeur sur nos choix de société.
On aurait pu penser qu’on allait donner la parole aux familles mais avant tout aux vieux concernés à leur domicile comme en institution.
On aurait pu penser analyser et revisiter les modèles institutionnels publics et surtout privés lucratifs organisés en entreprises tentaculaires de profits.
On aurait pu penser voir se construire un débat fort sur l’efficacité et la responsabilité des organismes de tutelle, notamment des agences régionales de santé témoins terriblement passifs de cette crise.
Aujourd’hui candidat, le président de la République sortant vient apparemment de mettre un terme à ces attentes de notre société. En proposant la création de 50 000 postes d’infirmières et d’aides-soignantes pour le secteur des Ehpad en France, celui-ci se borne à une réponse quantitative à tous les questionnements et attentes. Or, sans se prononcer sur la pertinence du nombre de ces créations de postes, force est de s’interroger sur cette annonce en forme d’alpha et oméga. Au moment où le président-candidat reconnaît que le « Ségur » de l’hôpital, pour utile qu’il ait été, n’a pas été à la hauteur de la crise, il en applique la méthode aux Ehpad. Bien sûr, les moyens sont insuffisants, urgents et nécessaires, mais pour avoir vu depuis des décennies les projets politiques empiler les refus de sauter les obstacles, il n’est que temps de les affronter. Il est urgent que cette annonce-slogan liminaire de campagne débouche sur une exemplarité française en matière d’écoute, de place et de prise en charge des personnes âgées, et in fine… de moyens.
François Aubart