De la mort sociale à la mort solitaire

Petits Frères des pauvres

C’est une triste liste à la Prévert. Les Petits Frères des pauvres ont dressé un bilan des personnes âgées retrouvées mortes chez elles, des semaines, voire des mois ou années après leur décès. En 2024, ce sont plus de 30 personnes âgées victimes de mort solitaire. Des situations inacceptables qui ne font l’objet d’aucune statistique officielle, « des morts solitaires qui sont la conséquence la plus extrême de l’isolement social ».

Ainsi, en janvier 2024 à Montpellier, une femme de 68 ans retrouvée morte dans son appartement plusieurs semaines après son décès. À Chalon-sur-Saône, un homme de 70 ans retrouvé mort dans son appartement plusieurs semaines après son décès. Janvier 2024 toujours, à Montfleur (39), un couple de 91 ans est retrouvé mort dans sa maison plusieurs semaines après leur décès. Janvier 2024 encore, à Fontenay-sous-Bois (94), une femme de 90 ans et son fils d’une soixantaine d’années retrouvés morts dans leur appartement plusieurs semaines après leur décès.

En février 2024 à la Ciotat, un homme âgé retrouvé mort dans son appartement au moins un mois après son décès. En février 2024 à Caen, une femme de 80 ans a été retrouvée morte dans son appartement entre un et quatre mois après son décès. Puis en mars 2024 à Bernis (30), une femme de 75 ans retrouvée morte dans sa maison plus de quatre mois après son décès. Le même mois, à Morlaix, un homme de 73 ans retrouvé dans son appartement quinze jours après son décès. Mars 2024 encore, à Bonneuil-Matours, une femme de 63 ans retrouvée morte dans sa maison trois mois après son décès. En avril 2024 à Abbeville, un homme d’une soixantaine d’années retrouvé mort dans son appartement un mois après son décès. À Taupont, un homme de 77 ans retrouvé mort dans sa maison plusieurs années, voire dix ans après sa mort (trouvé en décembre 2023 mais médiatisé en 2024). ÀPéronne, une femme de 72 ans retrouvée morte dans son appartement deux ou trois mois après son décès. À Beauvais, un homme de 60 ans retrouvé mort dans son appartement plusieurs semaines après son décès. À Montargis, une femme de 67 ans retrouvée morte dans son appartement quinze mois après son décès. À Albertville, un homme de 74 ans retrouvé mort dans une maison plusieurs mois après son décès.

Puis en mai à Tinqueux, un homme de 65 ans retrouvé mort dans son appartement trois à quatre semaines après son décès. En juin 2024 à Brest, une femme de 69 ans retrouvée morte dans son appartement six mois après son décès. En juillet à Avignon, un homme de 71 ans retrouvé mort dans sa maison deux ans après son décès. À Saint-Avold, un homme de 68 ans retrouvé mort dans son appartement deux mois après son décès. En août à Bagnols-sur-Cèze, un homme de 72 ans retrouvé mort dans son appartement six mois après son décès. À Saint-Marcel, un homme d’une soixantaine d’années retrouvé mort dans son appartement quinze jours après son décès. À Angers, un couple d’octogénaires découvert mort dans sa maison plusieurs semaines, voire mois, après leur décès. En octobre à Dijon, un homme de 63 ans retrouvé mort dans son appartement cinq ans après son décès. En novembre à Agen, un homme de 72 ans retrouvé mort dans son appartement deux à trois semaines après son décès. À Carpentras, une femme de 77 ans retrouvée morte dans son appartement au bout de plusieurs mois. À Rennes, une femme d’une soixantaine d’années retrouvée morte dans son appartement plusieurs semaines après son décès. À Loudéac, une femme de 69 ans retrouvée morte dans sa maison plusieurs semaines après son décès. En décembre à Nîmes, une femme d’une soixantaine d’années retrouvée morte dans son appartement deux à trois mois après son décès. À Plérin, un homme et une femme d’une soixantaine d’années retrouvés mort dans leur appartement plusieurs semaines après leur décès.

Bref, partout, dans toutes les villes, tous les mois de l’année. « Terribles révélateurs de l’appauvrissement des liens sociaux et de l’invisibilité de certaines personnes, ces morts solitaires interrogent sur notre capacité à prendre soin des plus seuls et des plus fragilisés et à leur éviter l’ultime affront d’une mort seul, ignorés de tous, sans que personne ne s’inquiète ou ne s’alarme », écrivent dans un communiqué les Petits Frères des pauvres qui « appellent les pouvoirs publics, aux échelles nationales comme territoriales, à mener une politique préventive beaucoup plus ambitieuse de lutte contre l’isolement grandissant des personnes âgées ». L’organisation propose ainsi « de créer un Observatoire de la mort solitaire ; de mener des expérimentations avec les établissements bancaires, la Poste, les distributeurs d’énergie, les services du Trésor public pour tester la mise en place d’un système alerte en cas d’anomalie (aucun mouvement sur les comptes bancaires, plus de consommation d’énergie, boîte aux lettres qui déborde…) ; de mieux identifier les personnes âgées isolées grâce à un renforcement de la coordination des acteurs du territoire : services sociaux, professionnels de santé et médico-social mais aussi commerçants, artisans ». Et enfin « de faire appel à la mobilisation citoyenne pour renforcer les solidarités de voisinage ».

VIF