Le projet de loi Asile/Immigration propose de mettre en place un renforcement drastique de l’appareil législatif répressif pour limiter, empêcher, réprimer l’arrivée en France de personnes qui ont été contraintes de quitter leur pays pour des raisons sociales, économiques, politiques, environnementales… Le choix délibéré et mûrement réfléchi de la migration nécessite de la force, du courage, de la volonté, de l’intelligence, de la ténacité pour laisser sa vie derrière soi et pour prendre des risques insensés, parfois mortels, dans l’espoir d’un nouveau départ de vie, toujours incertain.
L’impuissance de la politique migratoire ne tient pas au manque de volonté ou de moyens, mais à la démesure des objectifs. Décréter que l’immigration « choisie » devra supplanter l’immigration « subie », annoncer la « réduction drastique » de tel ou tel flux migratoire, prétendre qu’on pourra suspendre le regroupement familial, inverser en France la courbe mondiale des migrations, tenir le pays à l’écart des grands mouvements de réfugiés, convaincre les nationaux de s’adonner aux travaux délaissés, aligner les Etats de droit de l’Europe de l’Ouest sur le modèle illibéral de la Hongrie, résilier les engagements internationaux qui lient les sociétés démocratiques, faire croire enfin que la France serait davantage la France sans l’immigration… Autant de rêves immatures et voués à l’échec, parce qu’ils font fi des réalités les plus élémentaires.
Si le gouvernement actuel ne partage pas cette idéologie nationaliste et isolationniste, il est temps pour lui de changer résolument de perspective.
Les immigré.es sont une chance pour les pays qui les accueillent – on le constate tous les jours dans les domaines de la santé ou des emplois et services dits « invisibles » – et méritent que soient déployées des politiques d’intégration à la hauteur de leurs espérances. Les recevoir humainement, en leur procurant un accueil inconditionnel à la dignité de citoyens légitimes, logés, nourris, accédant à la santé, éduqués, actifs par leur travail et participant pleinement au développement du pays : voilà ce qui à l’évidence s’impose dans le pays des droits de l’homme et du citoyen !
Nous disons
OUI ! à une politique d’accueil digne, humaniste et inclusive,
NON ! à la barbarie du rejet et la violence institutionnelle.
Alfred Spira