Geneviève Delaisi de Parseval, gynécologue mais aussi psychanalyste, a longtemps travaillé sur les nouvelles maternités. Aujourd’hui, ayant peut-être dépassé les 80 ans, elle change d’époque. Et manifestement, rien ne l’agace plus que ceux qui l’enferment dans les clichés de la vieillesse.
Geneviève aime rêver, plaisanter, s’accommoder, détourner, philosopher, écrire. Elle vient de publier un très joli livre, L’art d’accommoder la vieillesse, où l’on peut picorer plein d’idées, plein de moments, plein de fleurs sur l’âge vieux. « Il faut bien en fin de compte, s’accommoder de la vieillesse faute d’avoir bien compris de quoi il s’agissait. » Comme le disait Groucho Marx : « Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé. »
Extraits.
« Je tombe par hasard sur ces étonnants propos de l’artiste Georgia O’Keeffe : “Aux États-Unis, les femmes sont traitées comme des Noirs, mais elles ne le savent pas…” On pourrait sans problème transposer cette phrase en l’adaptant au contexte actuel : “Les vieilles femmes sont traitées comme des immigrés, mais elles ne le savent pas”. » (p. 45)
« Le psychanalyste hongrois Michael Balint avait, pour sa part, insisté sur le fait que l’être humain, même vieillissant, même malade, reste un être en devenir. Pour lui, la maladie n’est pas attachée de manière linéaire et inéluctable à la vieillesse. » (p. 51)
« À titre personnel, avoir des enfants et des petits-enfants ne m’aide pas particulièrement à différer l’échéance ultime. Mais la confrontation avec des sujets jeunes invite à un questionnement permanent : être bousculé dans ses certitudes et ses retranchements est précieux. » (p. 73)
« Vieillir, c’est consentir au temps. Oui mais… » (p. 79)
« Vieillir, c’est relire sa vie. C’est aussi la relier au sens de faire des liens… ». Puis, citant Paul Ricœur : « Lorsqu’on lit, il ne s’agit pas seulement de tourner les pages, mais de lire chaque page, de la comprendre, de la relier aux pages précédentes, la lecture de la suite du livre modifiant la compréhension des premières pages, etc. Lorsqu’il s’agit du livre de sa vie, si l’on ne tire pas parti des expériences passées pour créer l’avenir, on risque de rester ensablé dans la compulsion, de même si elles ont été néfastes. » (p. 101)
Et cette phrase qu’elle n’a pas écrite dans son livre mais qu’elle dit souvent : « L’inconscient ne vieillit pas. »
Éric Favereau
L’art d’accompagner la vieillesse, Geneviève Delaisi de Parseval, éditons Odile Jacob (17,90 €)