Le 8 novembre 2022, le site d’investigation Disclose publie une information intéressante : la très proche famille (le père et les trois enfants) de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, possèderait 1,2 million d’euros provenant d’une compagnie pétrolière, en partie logé dans plusieurs paradis fiscaux. Le montage est habile : les trois enfants de la ministre (5, 10 et 13 ans à l’époque) entrent, moyennant 10 euros de droits et après signature de leur mère du fait qu’ils sont mineurs, au capital d’une société spécialement créée pour gérer ce fond.
« Je ne vois pas où est le problème », répond aussitôt la ministre chargée, justement, de promouvoir des alternatives au pétrole. « Je n’avais pas à déclarer cette structure qui appartient de fait à mon père et à mes enfants. » Une surprise en préparant une autre, on apprend qu’effectivement, selon le guide de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), la ministre, qui se dit victime d’une campagne calomnieuse tout en se gardant de contester les faits, n’était pas tenue de faire mention de ce léger détail.
Hasard du calendrier, le même mois je remplissais, comme chaque année, ma déclaration publique d’intérêts sur la base Transparence Santé. Ici, pour l’expert bénévole, le conflit d’intérêts commence à dix euros. Un café/croissant réglé par un(e) collègue de l’industrie pharmaceutique vous marque du sceau de l’infamie. Les deux dernières rubriques de la déclaration méritent, dans le contexte, d’être citées :
« – 5. Proches parents ayant des activités ou des intérêts financiers dans toute structure dont l’objet social entre dans le champ …
– 7. Autre lien dont vous avez connaissance qui est de nature à faire naître des conflits d’intérêt. »
Heureusement, la HATPV n’a pas prévu pour nos dirigeants des horreurs pareilles. C’est bon pour les experts et les soutiers. Imaginez les conséquences si cela s’appliquait à ceux qui décident ; ce pays deviendrait invivable !
Bernard Bégaud