Plus de dix ans d’écart d’espérance de vie entre un cadre et un ouvrier. « Et l’on s’y habitue… Et l’on trouve cela normal », dénoncent Nathalie Bajos et Étienne Caniard dans cet entretien à VIF sur les inégalités de santé. « Réduire cet écart devrait être une priorité politique, en haut de l’agenda des élections présidentielles. » Cela ne le sera pas. Et il y a fort à parier que, comme à chaque élection présidentielle, la santé ne sera pas un des thèmes majeurs de ce prochain rendez-vous électoral. Comme souvent, comme toujours, celle-ci va glisser au fond des discours, reléguée en arrière-plan.
En cette rentrée, les fous et les vieux ne seront pas non plus à la fête. Alors qu’à la fin de ce mois de septembre doivent se tenir les Assises de la santé mentale, annoncées au printemps dernier par Emmanuel Macron et par deux fois repoussées, une bonne partie des participants n’en attendent plus rien, faute de programme, faute de contenu surtout. C’est le vide d’idées et de projets qui prévaut.
Agissant comme un miroir des situations, le Covid avait pourtant de nouveau révélé les conditions de travail particulièrement tendues dans le secteur de la psychiatrie publique. Des centaines de postes de psychiatres vacants, un manque de lits criant, des pratiques de contention qui se multiplient, une pédopsychiatrie à bout, débordée, impuissante, avec des attentes interminables pour des enfants en grandes difficultés.
Côté vieux, c’est aussi un rendez-vous retardé. Promis en 2019, puis décalé pour cause de crise des Gilets jaunes, et de nouveau reporté dans la foulée de l’épidémie de Covid-19, le projet de loi sur l’autonomie est à l’arrêt. En tout cas, il n’est plus inscrit dans le calendrier parlementaire. Pas de place, donc, pour une grande loi pour les vieux au Parlement, alors que depuis des mois, les pouvoirs publics évoquaient l’urgence d’un texte pour faire face au vieillissement de la population.
Drôle de coïncidence pour VIF : notre trio – les Vieux, les Inégaux, les Fous –, nos trois fragiles sont laissés de côté, sur le bord de la route. Sans projets ni idées fortes. Noyés dans une relative invisibilité.
En cette période pré-électorale, nous ne ferons évidemment pas campagne. Comme le veut notre projet autour de la santé, qui est autant d’apporter de la visibilité et de la connaissance, que de susciter des actions, d’imaginer des leviers, nous raconterons, analyserons et donnerons la parole aux « fragiles de notre présent ». Pour débattre et proposer.
Dès le mois d’octobre, à l’initiative de la Vie vieille (avec les associations Vieux et chez soi, Grey Pride et VIF), un débat « Quel avenir pour la loi grand âge ? » se tiendra le 18 octobre à Paris. En présence de Monique Pelletier, ancienne ministre ayant aujourd’hui atteint un certain âge et donc capable de parler intimement du sujet pour elle-même et sa génération, avec un regard à la fois constructif et critique. Mais aussi de Dominique Gillot, ancienne ministre également, à la pointe des enjeux que soulève la politique de prise en charge de la dépendance, et Jérôme Guedj, ancien député et inspirateur du préprojet de loi grand âge.
Bonne rentrée.