Depuis quelques semaines, les signaux faisant penser que la fin de vie devrait s’inviter comme l’un des sujets phares de la prochaine campagne présidentielle s’accumulent : Anne Hidalgo a annoncé que la première loi à l’ordre du jour de son quinquennat si elle venait à être élue lui serait consacrée. Olivier Véran s’intéresse enfin à la question et consulte ardemment, invitant les uns et les autres à déjeuner, maintenant qu’il se sent à peu près libéré des soucis du Covid. Sous la houlette d’Alain Claeys, l’un des deux pères de la loi précédente, le Comité consultatif national d’éthique vient à nouveau de s’auto-saisir du sujet, alors qu’il sort tout juste de son avis sur les enjeux éthiques du vieillissement (Avis n°128). L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) réactive ses débats citoyens en région à la faveur du dernier film de François Ozon qui se veut une ode au suicide assisté (voir les deux articles ci-dessous), et plusieurs espaces éthiques régionaux, comme celui de Haute-Normandie, ont eux aussi remis l’ouvrage sur le métier. Jusqu’à l’Assemblée des retraités de la CFDT (40 000 adhérents) qui a choisi de faire de la fin de vie le principal thème de réflexion de son rendez-vous annuel, mi-octobre à Metz.
La question qui se pose, toujours aussi clivante malgré les années qui passent, est celle de savoir s’il faut se décider à aller jusqu’à une loi autorisant à être aidé à mourir, c’est-à-dire une loi permettant le suicide assisté, l’euthanasie, ou les deux. Pour ma part, je ne vois pas comment le ou la prochain(e) président(e), quel qu’il ou elle soit, pourrait échapper à légiférer positivement sur la question. Il me semble que l’on a fini d’explorer toutes les possibilités alternatives sans convaincre qu’elles suffisaient pour que la question ne se pose plus. C’est parce que chacun le sent et cherche à se préparer au mieux à comment répondre à cette insatisfaction que tant de monde s’agite à nouveau. La nouvelle loi qui sera adoptée sera probablement « le » marqueur social du prochain quinquennat, comme l’ont été le Pacs en son temps, le mariage pour tous, ou l’accès à la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules.
On dit la société prête, lasse d’avoir trop attendu, avide d’une loi libérant enfin le droit à l’autodétermination en fin de vie. On dit même que 37% des médecins seraient désormais prêts à accompagner leurs patients sur ce chemin. Le fruit serait donc enfin devenu mûr ? Possiblement. Mais ce n’est pas pour autant que le « comment faire » va être facile à résoudre. Comme le montrent les deux articles qui suivent, le sujet est plus complexe qu’il n’y paraît. Il ne suffit pas de se proclamer par principe en faveur d’un droit individuel à plus de liberté. Les débats vont continuer d’être nombreux, houleux et douloureux. VIF tentera de les suivre, de les donner à voir, ainsi que quelques clés pour s’y repérer.
Véronique Fournier