Face aux résultats des élections européennes et à la menace qui plane sur ceux des législatives, tribunes et communiqués se multiplient pour alerter sur les conséquences qu’aurait l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Deux exemples en santé, dont un sur la santé mentale.
La gravité du moment
Pour les personnes malades, enfants, adolescents, adultes femmes et hommes, personnes âgées et pour les soignants de la psychiatrie
Nous alertons les citoyens du pays à réfléchir aux conséquences sur l’accueil, les soins psychiques et la santé mentale d’un vote qui risque de confier aux mouvements d’extrême droite le gouvernement et les destinées de notre pays.
Il en va de l’avenir même des enfants, des adolescents, des hommes et des femmes adultes et âgés.
Praticiens psychiatres, psychologues, psychothérapeutes, psychanalystes, infirmier·ères de secteur psychiatrique et du privé hospitalier, travailleurs sociaux, éducateur·trices, orthophonistes, psychomotricien·nes, secrétaires médicales, nous exerçons et avons exercé en cabinet privé, dans des services hospitaliers publics et privés, dans le service public de psychiatrie de secteur, auprès d’enfants, d’adolescents et d’adultes, ainsi que dans la formation continue des soignants.
Nous nous sommes mobilisé.e.s en décembre 2008 lorsqu’un président de8 la République avait osé déclarer que « tous les malades mentaux sont potentiellement criminels » !
Aujourd’hui, si l’extrême droite accède au gouvernement, ce sera bien pire.
Parce que nous savons ce qu’un pouvoir d’extrême droite, des gouvernants autoritaires sont capables de faire vis-à-vis des personnes en souffrance psychique, handicapé·es, malades, mais aussi opposants politiques, dissidents, militants politiques. Nous l’avons vu dans le passé, même récent, en Europe, en Amérique latine – Argentine, Chili – mais aussi en URSS vis-à-vis des dissidents dans les années 1970, et aux USA contre les militants des Civil Rights.
À ces dangers, qui ne sont pas du tout des fantasmes mais des faits connus et largement documentés, s’ajoute une massification idéologique portée par le néolibéralisme qui s’étend dans la plupart des pays, comme l’ont démontré des chercheurs, philosophes et sociologues notamment Pierre Dardot et Christian Laval.
Cette politique s’applique dans notre pays depuis près d’une trentaine d’années par tous les gouvernements. Le contrôle social, la normalisation des comportements, l’individualisation dans de très nombreux secteurs de la vie sociale et du monde du travail, l’évaluation normative et personnalisée annuelle dans la quasi-totalité des secteurs professionnels, le travail de sape contre toute activité collective, voire la destruction des initiatives collectives, tous ces éléments signant une déshumanisation à l’œuvre dans les espaces de la vie quotidienne et professionnelle.
Ce mouvement puissant d’individualisation dans tous les secteurs entraîne inévitablement soit repli sur soi, ou ailleurs extension d’agressivité et de violence de tous contre tous, rejet de l’autre, du différent, de l’étranger et des réfugié·es vécu·es soit comme parasites soit comme responsables de tous les maux et malheurs sociaux.
Dans cette atmosphère de déliquescence du lien social, l’irruption et l’installation à la tête du pays d’un parti dont nous savons d’où il vient, qui sont ses fondateurs, la violence parfois meurtrière qu’il provoque, voire soutient ou justifie, nous, soignants et praticiens de la psychiatrie alertons les citoyens : réfléchissez bien à votre vote et à ses conséquences.
Nous nous engageons à être vigilants et à résister à toute politique qui plongerait le pays dans le chaos, pour détruire l’avenir.
Nous appelons résolument à soutenir le Nouveau Front populaire, seul à même d’apporter des débuts de réponse à la destruction en cours du service public de psychiatrie, comme de tous les services publics, du secteur psychiatrique et de la psychiatrie infanto-juvénile, à soutenir une psychiatrie privée et publique de l’accueil digne et humain, une psychiatrie populaire. Nous en avons fait déjà l’expérience localement et dans les contacts déjà anciens avec les formations politiques qui le composent, notamment lors des mouvements comme le Collectif des 39 – Quelle hospitalité pour la folie et contre la nuit sécuritaire –, le Printemps de la psychiatrie, et d’autres collectifs, notamment de patients tel HumaPsy.
(Paul Machto est à l’initiative de cette pétition)
La santé est un des éléments de la cohésion sociale d’une nation
Le Collectif de professionnels et de patients pour la refondation de la santé considère que la poussée électorale de l’extrême droite s’explique en grande partie par l’aggravation des inégalités sociales et territoriales. Cette poussée menace de remettre en cause les principes républicains d’égalité et de solidarité sur lesquels repose notre système de santé.
Nous rappelons que la garantie de l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire est inscrite dans la Constitution.
Nous souhaitons que les partis politiques prennent en compte les propositions suivantes :
– Créer au niveau de chaque territoire un service de santé d’intérêt général ville/hôpital sans dépassement d’honoraires et assurant la permanence des soins ;
– Maintenir l’Aide Médicale d’État ;
– Recruter et former 100 000 infirmières, avec une progression salariale ;
– Faire prendre en charge à 100% par la Sécurité sociale un « panier de santé solidaire » ;
– Mettre en place une stratégie nationale de santé prenant en compte les besoins de la population en rupture avec une gestion purement comptable ;
– Mettre fin aux ruptures répétées de médicaments par l’obligation faite à l’industrie pharmaceutique de disposer de stocks d’au moins 4 mois pour les médicaments essentiels ;
Considérant que notre République et notre démocratie sont en danger, nous demandons aux candidates et aux candidats des engagements prenant en compte ces propositions.
Le 12 juin 2024
VIF