Les ministres adorent parler, diagnostiquer. Et ils ont raison : c’est leur fonction. Ainsi François Braun, ministre de la Santé, la semaine dernière dans Libération : « Notre système construit sur l’offre de soins est à bout de souffle. » Et il développe : « Notre système de santé a été construit dans les années 60 et 70 sur l’offre de soins. Or aujourd’hui, ce raisonnement est à bout de souffle : quand, sous l’effet du vieillissement de la population, les besoins de santé augmentent alors que l’offre médicale se réduit, le décalage n’est plus gérable. »
Cinq ans plus tôt, c’était Agnès Buzyn qui était alors l’occupante de l’avenue de Ségur. Dans un entretien à Libération, le 11 décembre 2017, elle disait : « Sur la santé et l’hôpital, je ne dis pas qu’il n’y a pas besoin d’argent, mais nous sommes arrivés au bout d’une histoire et d’un système. » Et encore : « De vrais défis nous attendent, notamment sur la pertinence des soins, et une restructuration de nos hôpitaux est indispensable. Il va falloir recentrer leur activité sur leur valeur ajoutée et la médecine de recours, en renforçant leur capacité à accueillir tout le monde. Il faut surtout redonner confiance aux équipes de l’hôpital et du sens à leur mission…Globalement, nous devons repenser l’ensemble. Le système est à bout de souffle. »
Cinq ans entre les deux entretiens. Mais que diable s’est-il passé pour qu’il ne se passe rien ?
Éric Favereau