Brigitte Greis ne prend plus sa voiture pour aller de cité en cité à Poitiers où elle exerçait son métier d’infirmière libérale, elle est à la retraite. À l’heure où certains s’interrogent sur leur travail, elle a toujours adoré le sien, sans réserve, aimant ce lien mystérieux entre un soignant et un patient, un lien fait de retenue, d’intimité, de silences et de trop-pleins. Elle est devenue soignante tardivement, après une maîtrise de philo, et ne s’est jamais vue seulement en technicienne de soins.
Elle le dit à sa manière. « Quand j’arrive chez un patient, j’aime bien savoir ce qu’il y a derrière la grippe. » C’est pour cela qu’elle a investi ce que l’on appelle les groupes Balint, où des soignants se retrouvent avec un coordinateur de formation psychanalytique « pour améliorer la relation soignant-soigné, en explorant la dimension cachée de cette relation ». « Je ne me suis jamais habituée à cette situation, de rentrer comme ça chez les gens, de leur parler, de les voir, raconte-t-elle, c’est beaucoup mieux qu’au cinéma. Je n’en reviens pas de cette chance que j’ai eue. »
En trente ans d’exercice, elle reconnaît que les temps et les situations ont changé, que la médecine n’est plus tout à fait la même, que les patients aussi ont changé. « Aujourd’hui, dans ces cités, les relations avec les patients sont plus dures, ils nous prennent pour des experts, avec un aspect plus automatique du soin. Ils veulent un service, mes collègues ont le sentiment de faire de l’abattage, avec la carte Vitale comme seul lien. » Elle note aussi que le parapluie social ne fonctionne pas si mal que cela.
Depuis plus de dix ans, Brigitte Greis travaille sur ce que l’on appelle la médecine de la personne qui renvoie à une attitude bien plus qu’à une théorie, où la relation est centrale. Brigitte est ainsi, unique. Comme ses patients. Elle parle doux.
Souvent, de retour d’une journée de visites, elle écrivait des phrases, où elle décortiquait ses sentiments et ce contact unique et passager avec d’autres d’humains. Nous en publions une série, comme des cailloux posés sur la route des soins. Une sorte d’ouverture sur la vie. Avec également des passages du livre de Sylvie Caster (Bel Air, éditions Grasset, prix du roman populiste), qui a suivi Brigitte Greis pendant plusieurs semaines dans son travail d’infirmière dans la cité Bel Air à Poitiers.
Infirmière ?
« – Je tourne dans la cité Bel air, avant le lever du soleil, après son coucher, quand les odeurs humaines sont celles du lâcher-prise, quand l’humain tourne enfin le dos à ce qu’il se doit d’être, je rentre et sors des appartements, des petits pavillons, il y a toujours une histoire de porte à ouvrir ou fermer, des clés, une pénétration, de l’acceptation.
– L’infirmière est une “passeuse” de ce qui se passe dans le lieu, “là où cela se passe”.
– Je suis comme les caqueteuses du XVIIIe siècle, toujours assise dans un face-à-face en quinconce avec l’autre à soigner, cela suppose alors de la parole à deux, comme un bavardage oppressant.
– Les paysages procurent un sentiment de secret, à Bel Air, les paysages sont lointains.
– Dans mon automobile, j’écoute une valse de Strauss, c’est le poste qui la diffuse, quelle bonne idée de me faire valser en tournant dans Bel air sans lustres ni taffetas, mes pas s’allègent chez le prochain patient, ce sera peut-être un soin léger, je pourrai soigner en penchant ma tête sur l’épaule posant mon pied d’appel pour une virevolte valseuse. »
Intime, dis-tu ?
« – L’intimité me surprend toujours, la définir exige une singulière discrétion.
– L’intimité me sied bien, la soignante ne se parle pas.
– Tout ce que je sais, c’est de l’imprégnation silencieuse.
– Dans l’intime, il y a toujours du soupçon.
– Le secret se cultive.
– L’intimité se partage parfois, on s’y trempe, on s’y colle, on s’y love, on s’en décolle, elle nous poursuit. L’intimité est un féminin. L’intimité a à peine une raison d’être. L’intimité a une musique, il faut l’écouter en silence
– “Si vous saviez”… Peut-être tout ce que je ne sais pas.
– Des traces d’existence, mais comment être ? »
« Heureusement qu’ils ne savent pas que quand vient la fin de la tournée, ils ne sont plus que des noms, dans un planning, avec une croix à côté. Un de moins, et encore un de moins, avant la fin de la journée. Et qu’on les coche à toute allure, avant de filer au suivant.Que ça s’arrête. Qu’on en finisse de toutes leurs plaies, leurs bobos. Toute cette souffrance qu’on touche, on en termine rincée. On ne vaut pas plus qu’un vieux chiffon. » (Bel Air, Sylvie Caster, page 47)
Le soin
« – Je me prépare pour aborder la vie des autres, qui suis-je ?
– Le rythme de la vie au coin du soin, autour de la plaie, la petite bête qui monte, qui monte.
– Je ferme la porte de la chambre pour mieux porter du soin.
– “Dans le dernier tiroir de la commode, regardez, il y a tout.”
– Tout près du corps on se réchauffe.
– L’odeur d’un espace, je peux l’emmener avec moi. Le souffle des autres sur ma peau.
– La fierté d’être dans la vie se devine dans la profusion d’articles imprimés, ceux qui n’en n’ont pas, inventent de nouvelles propriétés en cachette.
– Quand les pensées de l’un et de l’autre s’entendent, que fait-on du corps et de sa blessure, il faut bien le soigner.
– Quand je porte soin, je ne peux m’oublier.
– Parfois mon propre corps est lourd.
– Porter du soin à un corps, c’est d’abord poser le sien. Sur les tables de cuisine des familles, je pose ma sacoche sur une chaise, moi je reste debout. »
« Que moi je me retrouve là, passe encore. Mais lui, il avait surgi, le docteur, pour s’installer dans Bel Air. Par une sorte, de choix, tout de même. Quand on le pressait de questions pour savoir d’où il venait et pourquoi, il demeurait, fort en gueule, à demi-muet. Avec des petites rougeurs timides. Il donnait des réponses vagues, gêné, tortillé comme un évadé.
Il avait eu une clientèle dans la ville, près des montagnes. Il était parti. C’est tout ce qu’on en trait avec des patiences d’inspecteur de ce loquace soudain clos qu’on sentait souffrir sous la question. Comme une huître sous le citron. Muette. Palpitante. Atrocement ondulée.
Le soir, il se postait près de sa fenêtre. Et il regardait à travers les brumes et les fumées. Il voyait les montagnes, là-bas – soi-disant au, au-delà des immeubles branlants. Il était bien le seul. Et chaque fois que j’entrevoyais son pas de porte pour me donner ses indications, je m’interrogeais à son sujet “Qu’est-ce que tu fous là ? Est-ce que tu ne pourrais pas mille fois te trouver ailleurs ?” Et ces questions étaient les mêmes pour moi. Comme si seulement faire le métier, parce que c’était ici, devenait quelque chose de suspect. » (Bel Air, Sylvie Caster, page 70)
Le patient
« – Pourquoi tel patient m’appelle moi, pour lui porter soin ?
– Celui-là me montre ses cicatrices que le chirurgien expert a laissées sur son corps, pour cela il lève le drap, ouvre sa chemise, il est tellement grand. Je regarde alors la photo de ses parents sur la table : “Ils sont morts tous les deux ensemble.”
– La soignante relève les couvertures, sur les bords du lit, elle halète. La plaie se nettoie sur le lit, c’est la lie de l’infection.
– S’asseoir près du corps allongé lie la soignante à l’indicible du corps à corps soigné-soignant.
– J’aime bien aussi le patient dans sa cuisine.
– Qu’il est douloureux de devoir cuisiner quand l’homme agonise à côté.
– Colette, la psychotique, accepte le soin. Toujours le même jour. Il ne faut pas changer. Alors elle pose son corps tout rond et court comme une danseuse sous les paillettes d’une boîte à musique, sous le jet de la douche et tend sa jambe comme un entrechat. J’y crois. “Elle est belle la vie”, me dit Colette la psychotique en regardant la TV toute la journée. Oui, je lui réponds. “Ils nous tuent à la TV, il faut faire attention”, dit-elle aussi. “Faites attention à vous”, je lui dis, et je crois à ce que je dis.
– Je ne peux rien dire. Le malade assis est silencieux. Un souffle d’entente émeut le fragile contrat de « chacun chez soi ».
– La maman de Samir écrit la vie depuis son décès. Il y a quinze ans. L’hortensia blanc est volumineux devant la porte. Samir, j’y pense depuis quinze ans. Pendant qu’elle posait les mots peu à peu de la souffrance, je pensais à lui, comme il était alors sans avoir grandi, c’est cela l’absence, le temps se pose sur un moment qu’on ne tient pas à faire évoluer. L’absence permet de posséder ceux qui nous échappent
– Madame le professeur de mathématiques me dit : “ La tumeur de ma jambe va m’emporter, c’est une sorcière, comme celle qui a pris ma mère. Je ne l’ai pas vu venir. Mon mari, lui, est parti avec une sirène.” Alors j’ai récité Le Roi des Aulnes, je ne sais pas pourquoi, c’est ainsi.
– Un pied est posé sur ma cuisse. Le corps renfrogné. Le visage retient ses émotions, ses peurs, la douleur. Nous sommes assis face-à-face sur deux chaises paillées, la mienne est basse, une chaise d’allaitement, je suis au XIXe siècle. Un oiseau venu de l’inconnu se pose sur la foi de la guérison, et une brise de confession fait frémir la quotidienneté des soins débutés il y a si longtemps. L’aveu, répété, dois-je l’entendre ? Déliement.
– Wally souffrait, des plaintes aigües à chaque passage de compresses, la cicatrisation du pontage était pourtant achevée, ses cris débutaient dès que je déballais mon set de pansements, Wally se plaignait, Wally était agressive, Wally était ailleurs depuis que la tumeur au pied avait été enlevée. Berlin revenait dans sa mémoire. Oui le bombardement de Berlin, c’est vrai cela a été horrible. Alors on a parlé de ces horreurs-là, celles d’ailleurs, celles que les hommes font subir à d’autres, des bruits du bombardement, Wally avait eu peur de perdre son pied, Wally avait eu peur que l’on oublie que cette population n’y était pour rien, Wally se sentait coupable d’avoir mérité le bombardement. »
« “Ça ira mieux” était le maitre mot du docteur. C’était le mien aussi. C’était une parole que l’on ne craignait pas de dire “Ça ira mieux” des centaines fois en un seul jour, et qui se prêtait à toutes les circonstances. Devant le pire crevard. Comme le plus désolé. Nos malades n’y croyaient pas du tout à ce “Ça ira mieux”. Ils n’y croyaient même pas du tout qu’on le pensait. Ils ne croyaient, eux, qu’à des choses extrêmement simples. Extrêmement vraies. Le prix de la visite, sur le palier. Et si on reviendrait, demain, tout de même. » (Bel Air, Sylvie Caster, page 72)
Intime encore…
« – Pour avoir de l’intimité il faut être conscient de sa singularité
– Quand on laisse le carcan de la théorie alors se libèrent la mémoire, les envies. L’intériorité existe
– La soignante sait et parle d’autre chose pour laisser place à ce qui doit être vu, entendu, montré puis s’en va, parfois avec.
– L’intime c’est l’enfant qui est encore en nous, que nous avons été, ceux qui n’aiment pas leur enfance perdent le sentiment de soi.
– La maladie, la mort, nous mettent entre des mains inconnues à qui nous abandonnons notre corps, non pas dans la sensualité, mais à travers des soins où notre intimité ne nous appartient plus. Qu’y a-t-il de pire que de partager son intimité avec des personnes non choisies ?
– Le don d’organes et l’intime : cet homme qui vit avec le rein d’un autre, greffé sur son abdomen, visible et proéminent, cache sa nouvelle forme de la ceinture abdominale et veut profiter de la vie à fond : “Je vis pour deux, tu comprends, qu’il le mérite, ou pas, à deux ça va plus vite, et maintenant je n’ai besoin de personne puisque je suis double et lourd à traîner, qui peut bien vouloir d’un type qui en a un autre à l’intérieur ?”
– L’intime, c’est un maniement intelligent du silence. »
Histoires
« – Il n’existe pas de mots, même les plus savants, pour parler de ce que l’on capte des scènes de vie
– Parfois tout est dit, tout est là, ne cherchons pas.
– “Je vous attendais avec impatience” ; “Me voilà” ; “Je savais bien que vous alliez arriver.”
– Cette femme qui se raconte sans cesse m’épuise. Elle triche avec ce qu’elle contient au fond de ses poches. Elle porte toujours un tablier. À quoi devrais-je consentir ?
– Consolation, c’est son nom, change les fleurs blanches tous les jours devant l’urne contenant les cendres de sa fille, posée sur la cheminée. Tout objet est en relation avec la défunte. C’est une logorrhée sur la mort physique de cette femme. Enfin je trouve le tube de crème qui va l’arrêter, je masse son hématome. Elle se tait. Son petit corps est entre mes mains et elle vit. Niflugel lui fait accepter le silence et le calme de la douleur. Les onguents métamorphosent le délire en atterrissage sur hématome localisé dans un muscle. C’est tellement plus simple. »
« Je commençais à les connaitre par cœur, ces escaliers. La saine fatigue de ma journée. Ces murs qu’on a peints à hauteur de main, d’une peinture spéciale. Pour que ça ne puisse plus ‘écrire, ces “merde”, ces “crève salope”. Toutes ces rages, ces signatures qui protestent. Je passais cent fois la journée devant de tout peints avis placardés, des “Balayez s’il vous plait”, à tour de rôle, sur les paliers. C’était la mobilisation générale des ménagères, dissuadées, qui leur répondaient aux avis, rageuses, rebiffées, en flanquant par leurs fenêtres, parfois directement balancés, toutes leurs poubelles et leurs vieux papiers. » (Bel Air, Sylvie Caster, page 81)
Intimes suite
« – Je n’oublie pas que je suis là pour aider, guérir une plaie, faire croire en la guérison, insuffler de la vie, et que ce soin démarre sur un appel de ma personne soignante, le corps est là.
– L’intime, c’est se mettre à part pour croire en notre différence.
– Quand je rentre dans l’univers intime d’un patient, je vois les objets, mon corps les touche. Que c’est difficile d’abandonner mes références. La générosité et la liberté sont des valeurs idéalistes qui combattent notre vulnérabilité et sont contenues par des tentatives toujours remises à jour de notre éthique
– Christelle, vingt ans, vient d’apprendre qu’elle est atteinte de sclérose en plaques. Elle débute ses injections qui vont rythmer sa vie de façon hebdomadaire. Un long temps va nous appartenir. Elle vit avec sa mère, gagne faiblement sa vie, se bat pour avoir la vie qu’elle mérite à son âge et rêve d’horizon lointain. Son petit corps d’adolescente fragilise mon espoir pour elle et toute injection est un pas vers le désespoir. Je n’arrive pas à la rencontrer. »
Intimité, toujours
« – Je ne sais pas grand-chose mais il est faux que je ne sache rien.
– Dans les visites à domicile, le lieu du soin, c’est ce que l’on nous montre.
– La seule difficulté avec l’intime, c’est de le respecter. L’intime dissimule ses plaisirs, est-ce honteux ? L’intime entretient des rapports cachés avec la morale. L’intimité est seule. La curiosité n’est pas un mauvais défaut. »
« Estelle avait trois ans. Il lui était poussé des jambes comme des brindilles et un bassin mal formé, une sorte d’assiette plate où les os ne pouvaient pas venir s’emboiter. Ses jambes n’y pouvaient pas tenir. Elle restait, Estelle, coincée dans un plâtre qui lui prenait tout le bassin, toute la journée durant, sur deux fauteuils qu’on avait réunis, pour en faire une sorte de lit. Avec ses jambes sans avenir, presque indécentes dans leur inutilité.
Elle restait là, comme éternellement immobile, souffrante, devant une télévision allumée. Ce n’était pas une petite gamine. C’était le bout de ce qu’on peut s’imaginer supporter. Un morceau d’enfant crucifié. Soi-même on peut à peine le supporter. Mais lui, il doit le supporter. » (Bel Air, Sylvie Caster, page 82)
Fin
« – Quand je rentre chez un patient, je soigne avec ce que j’ai pensé avant de rentrer chez lui, toute pensée se libère au volant de mon automobile, comme Sagan dans ses folles courses et ses écrits fougueux, tout continue et s’emmêle.
– Elle découvre son cancer. Elle découvre son sein.
– Sa vie est découverte.
– La soignante que je suis suit son parcours de solitude.
– Ça ne se fait pas de parler de soi.
– Sur mon parcours de soignante, j’entends le bruit des autres.
– Je suis une sainte-nitouche, comme le veut la tradition des soignantes, prostituées rééduquées, aristocrates pieuses, et religieuses, mon toucher ne me touche pas.
– Quand j’écris sur mon cahier intime, je suis marginale, mais j’existe au-delà de l’existence des autres, soignés, pauvres, étrangers, bourgeois, bien-pensants, marginaux, cela fait beaucoup, mon automobile et mon cahier élèvent la scène de mon intimité et autorisent la vie des autres, c’est cela enfin qui compte. »
Brigitte Greis, Poitiers, le 29 mai 2021
« Alexandrine est dans sa grande faiblesse. Cette force de tout le corps qui s’en va. Elle souffle, d’un souffle difficile. Elle regarde Phanie. Elle me regarde. Elle vient fouailler en nous de ce regard. Avec son œil unique. Cet œil encore vivant, dur, tendu. Presque haineux. Elle est là, tout près, avec sa face étrange. Cet œil ouvert et l’autre fermé. Toujours fermé. Aveugle et pénible, avec son suintement.
Elle dit “J’étouffe”. Maintenant “J’ai étouffé cette nuit”. Elle a eu peur. Elle a peur. Elle sait qu’elle est comptée. Et que ce sont ses minutes, pas les nôtres. C’est dans son corps que cela va se passer. Dans sa tête. Dans les fibres intimes de son épouvante. Et pas en nous, qui ne pouvons plus lui conter aucun embellissement. Et voilà pourquoi elle nous regarde si durement. Inutiles. Séparées. Avec ce regard qui qui sonde et fouaille toutes nos petites mimiques apeurées. Nos sourires désarmés. Nos aimables manigances, penchées sur elles. Pour la toucher, remonter son oreiller, l’aider…
Je ne sais plus refermer les portes. Et ni partir. Ni oublier. Le soir quand je m’en vais, je t’emporte. Dors-tu, seulement un peu, cette nuit ? Comme il faudrait. Dans le clair repos de l’oubli. » (Bel Air, Sylvie Caster, page 221)