La santé publique à la merci du populisme ?

La santé publique est un drôle de domaine, aux définitions multiples. Selon l’Organisation mondiale de la santé, c’est la « science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé et la vitalité mentale et physique des individus par le moyen d’une activité collective concertée » ou « l’ensemble des efforts par des institutions publiques dans une société pour améliorer, promouvoir, protéger et restaurer la santé de la population grâce à une action collective ». Pour être simple, la santé publique s’intéresse à un monde où la santé n’est pas qu’un facteur individuel ; elle met en scène des liens de solidarité et de proximité.

Or aujourd’hui, ce qui fait lien dans notre société se délite. La liberté d’agir pour chacun prime sur la solidarité. On met en avant l’individu, et le collectif est rejeté, perçu comme bureaucratique, étouffant. Les décisions politiques relatives à la santé publique suscitent une opposition nourrie par la méfiance envers les politiques mais aussi envers les données scientifiques qui sont à la base des mesures proposées. Sur ce terreau de méfiance et d’individualisme se développent différentes formes de populisme.

La santé publique est, au final, attaquée de toutes parts.
Tout ce qui vient d’en haut est perçu comme une contrainte, à l’image de la vaccination dont certains ne voient plus que le côté contrôle. Le repli sur soi devient une marque de résistance. Comment, dans ces conditions, les politiques de santé publique peuvent-elles trouver un terreau favorable ? À l’heure des rumeurs et des accusations de complotisme à tout va, à l’heure où l’individualisme est porté aux pinacles et l’État accusé de bureaucratisme, comment mener une politique de santé publique ? Comment, en matière de santé, faire prévaloir l’intérêt collectif sur les revendications individuelles ? La santé publique et le populisme peuvent-ils s’entendre ? Ou bien la santé publique ne peut-elle que se dissoudre dans un populisme égoïste et rancunier ? Le danger est là.

VIF vous invite à un débat le mardi 1er avril 2025

Pour en débattre nous recevrons Marisol Touraine, ancienne ministre de la Santé, Michel Kazatchkine, ancien directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, et François Bourdillon, qui a été le premier directeur de l’agence Santé publique France.

Le débat animé par Danielle Messager.