Pour la rentrée, retrouvons un peu d’air frais avec Antoine Doinel, le jeune héros de François Truffaut dans Les Quatre Cents Coups. Le jeune garçon arrive au centre médico-psychologique. Il a un entretien avec une psychologue. Extraits.
« La psychologue : Tes parents disent que tu mens tout le temps.
Antoine : Ben je mens, je mens de temps en temps, quoi, des fois je leur dirais des choses qui seraient la vérité ils me croiraient pas… alors je préfère dire des mensonges.
La psychologue : Pourquoi n’aimes-tu pas ta mère ?
Antoine : Parce que d’abord j’étais en nourrice ; et puis ils ont plus eu d’argent, ils m’ont mis chez ma grand-mère… ma grand-mère elle a vieilli et tout ça… elle pouvait plus me garder, alors je suis venu chez mes parents, à ce moment-là, j’avais déjà huit ans, je me suis aperçu que ma mère, elle m’aimait pas tellement. Elle me disputait toujours et puis, pour rien… des petites affaires insignifiantes alors… aussi j’en… quand… quand il y avait des scènes à la maison… je… j’ai entendu que ma mère elle m’avait pas eu quand elle était… quand elle était… elle m’avait eu fille-mère, quoi, et puis avec ma grand-mère aussi elle s’est disputée une fois… et là j’ai su que… elle avait voulu me faire avorter… et puis si je suis né c’était grâce à ma grand-mère.
La psychologue : As-tu déjà couché avec une fille ?
Antoine : Non jamais, mais je connais des copains qui ont… qui sont allés, alors ils m’avaient dit si tu as vachement envie, t’as qu’à aller rue Saint-Denis. Alors j’y suis… allé… et puis, j’ai demandé à des filles et je me suis fait vachement engueuler. Alors j’ai eu la trouille… et je suis parti… et puis j’y suis venu encore plusieurs fois… et puis comme j’attendais dans la rue, il y a un type qui m’a remarqué, qui a dit : « qu’est-ce que tu fous là ? » […] »
Philippe Artières