« C’est moi qui tiens les rênes de ma vie »

Nouh est un jeune homme âgé 23 ans, avec une longue histoire de troubles psychiques. Issu d’un parcours d’errance très difficile, pendant toute son enfance, il est baladé d’une école à l’autre. Je l’ai rencontré dans une formation que j’animais pour des intervenants travaillant avec les personnes vivant avec un trouble psychique. Une formation sur la notion de rétablissement.  Aujourd’hui, il va mieux et veut partager son expérience. Il veut aider d’autres personnes en difficulté à aller à la conquête du « positif », à s’appuyer sur leurs forces pour se rétablir, pour aller mieux. Il raconte son histoire.

« Tout d’abord, permettez-moi de me présenter. Je m’appelle Nouh Rachid et j’ai 23 ans. J’aimerais partager avec vous mon histoire ; une histoire que je vous raconte à cœur ouvert, dans la joie et la bonne humeur. Je vous invite à être très attentif dans la lecture et à vous laisser vous imprégner par chaque mot qui suivra. Je me suis mis à écrire, car j’avais besoin d’avancer, de repenser à ma vie, de la digérer et de me la ré-approprier de manière distanciée. Écrire sur moi m’a permis de prendre le temps de m’isoler avec moi-même, de laisser jaillir ce qui me vient à l’esprit et de partager mes expériences de vie. Ça m’a aussi donné le plaisir de créer et de me rendre compte qu’au final, nous avons tous besoin de nous réaliser. Au début, j’ai commencé à écrire pour moi, pour me faire du bien, parce que j’en avais envie. Mais en réalité, je pense qu’on écrit toujours pour quelqu’un, pour être lu. Si prendre la plume permet de me lâcher, d’être créatif, j’ai aussi envie d’être compris.

Chaque problème ne faisait qu’empirer

Il fut un temps où je me suis complètement égaré. J’étais ce genre de personne qui aime énormément s’amuser. J’étais cet adolescent qui avait en lui le pouvoir de s’enchanter. Le monde éphémère dans lequel je vivais m’ensorcelait. Les distractions de ce monde m’éloignaient de la réalité. Chaque jour, j’attirais vers moi la négativité. En toute honnêteté, je me suis opposé aux normes de la société. Je voulais juste vivre ma liberté. Chaque jour qui passait, mes actions me détournaient du droit chemin. Cela a affecté ma famille et pourtant, j’ai continué. Les épreuves de la vie se devaient d’être surmontées. Les écoles que je fréquentais avaient pour habitude de me renvoyer. Chaque problème de la vie ne faisait qu’empirer. Au fil du temps, mes sentiments se détérioraient. Je me faisais rattraper par la réalité. J’ai tout de suite compris que je m’étais égaré. Les soucis s’entassaient et cela me bouleversait. J’ai pris du recul, puis j’ai ressenti le besoin de mener une introspection. J’ai décidé de prendre un nouveau départ, recherchant à être une meilleure personne, tout en me souhaitant la paix.

Un nouveau départ

Aujourd’hui est un nouveau départ pour moi. Pour la première fois de ma vie, j’ai un plan de vie très très clair et j’en suis fier. En repensant à mes huit dernières années, trouver ma voie a été l’un de mes plus grands défis, car je me posais toujours une question : « Qu’est-ce que j’aimerais faire plus tard ? » Le brouillard en moi prenait plaisir à répondre : « Je ne sais pas. » Je suppose que je n’allais pas dans la bonne direction, plus précisément, je me sentais toujours perdu. J’ai vécu dans un monde obscur, mais en ce moment, j’essaye de tout mon être d’accéder à la lumière. Le voyage est long, mais la balade est cool. En prenant du recul sur le cours de ma vie, j’ai réalisé que je me laissais toujours influencer par les opinions des autres. L’une des raisons pour lesquelles j’ai dévié de ma vraie personnalité. J’ai commis de nombreuses erreurs dans ma vie, mais cela m’a procuré de grands changements. Bref, ces expériences de vie m’ont énormément enrichi. À chaque seconde qui passe, mon cœur ne cesse de remercier mon seigneur, ma famille et mon entourage pour tout leur soutien. Le meilleur conseil que je puisse vous donner et qui s’applique également à moi, est d’être bien accompagné, de fréquenter des personnes positives qui vous soutiennent et vous encouragent afin de mieux gravir la montagne. Par ailleurs, je pense que le bonheur n’est pas au sommet de la montagne, mais qu’il réside plutôt dans la manière de la gravir.

C’est moi qui tiens les rênes de ma vie

Le 31 décembre 2020, j’étais allongé sur mon lit et je me suis endormi. Soudain, j’ai entendu le réveil sonner et j’ai immédiatement voulu l’arrêter. Après avoir essayé maintes fois, toutes les tentatives ont échoué. À ce moment-là, j’ai eu la ferme conviction que j’étais conscient, cette impression d’avoir appuyé sur le bon bouton. Cinq minutes plus tard, j’ai commencé à comprendre pourquoi je ne pouvais pas l’arrêter. En fait, je rêvais. Un instant plus tard, j’étais vraiment réveillé, il était 5h45 du matin, j’ai immédiatement pris le téléphone et éteint l’alarme. Ce jour-là, je me suis rappelé que je devais prier et poursuivre la formation dans laquelle je suis inscris. Honnêtement, je voulais tellement rester dans mon lit, mais mon subconscient avait déjà d’avance l’intention d’inciter ma détermination à prendre le dessus. Quelque chose qui à ce jour reste inoubliable pour moi. J’ai à l’instant pris l’initiative de m’autosuggérer de vive voix : « C’est moi qui tiens les rênes de ma vie. » Bien sûr, je pense qu’il faut de temps en temps apprendre à lâcher prise et laisser la vie suivre son cours. Bref, grâce à l’engagement que j’ai pris, j’ai pu avoir le courage de me lever et de me préparer.

Prenons la vie du bon côté

Un jour j’ai vécu un événement tellement merveilleux et inespéré. Un soir, j’ai dû me rendre dans un parc non loin de chez moi afin de l’explorer. Pour accéder à cet endroit, je devais y aller en scooter ou à pied. Après avoir réfléchi quelques secondes, j’ai décidé de marcher. Au bout d’un quart d’heure, l’air était si pur et agréable qu’il était facile de développer et d’éclaircir mes idées. Pendant le trajet, j’ai vu l’ombre d’une lumière se cacher derrière le brouillard. J’avais de la difficulté à percevoir l’ombre de cette lumière, certainement due au fait qu’il faisait noir. Arrivé à destination, j’ai eu la chance de contempler cette lumière. C’était la pleine lune dans toute sa splendeur. À ma grande surprise, j’ai froidement dit que c’était ma nouvelle ère. J’ai estimé par inadvertance notre existence sur terre. J’ai également ressenti le besoin de remercier chaleureusement mon créateur. D’un point de vue personnel, ce laps de temps m’a permis de savourer l’instant présent. En examinant tout cela, l’humanité a toujours eu d’énormes privilèges. Le simple fait d’être en mouvement en permanence. Bien que courageux, je réitère le mot « courage » à tous ceux qui ne peuvent pas agir. Par conséquent, j’ai réalisé à quel point la liberté de nos mouvements n’a pas de prix. Pour résumer, je pense que peu importe ce qui se passe dans notre vie, nous devons avoir une confiance totale en nous. Prenons la vie du bon côté et apprécions-la. Bien que nous vivions dans un monde parallèle au négatif, soyons sûrs et certains qu’il y aura toujours du positif. Enfin, au fur et à mesure que chaque jour passe, ayons la force de nous dire qu’un jour nous serons lentement, mais sûrement illuminé.

Faire de mes rêves une réalité

Dès notre enfance, nous avons un environnement dans lequel on grandit, qui nous permet d’avoir des rêves dans la vie. Cet environnement se développe dans la vie humaine de la naissance à la mort. Malheureusement, à l’âge adulte, la plupart d’entre nous n’ont absolument aucun rêve ou abandonnent leurs rêves. Je me pose donc la question suivante : « Pourquoi n’arrivons-nous pas à réaliser nos rêves ? » En fait, je pense que le problème est que chaque rêve a son coût, même s’il ne s’agit pas uniquement d’argent. Le coût peut être notre volonté, notre temps, notre énergie et bien d’autres choses, mais peu de gens ont payé le prix fort pour réaliser leurs rêves. Dans ma vie, j’ai traversé des moments très très difficiles, à force d’y penser je n’avais plus la volonté de réaliser mes rêves. La raison pour laquelle je me suis éloigné de mes rêves était que je n’avais pas les compétences et les outils essentiels en main. Un jour, j’ai commencé à prendre conscience de ma situation et à me poser une question : « Vais-je vraiment abandonner mes rêves, ou vais-je un jour les concrétiser ? » Ma vie n’avait toujours pas de sens. J’ai immédiatement pris la décision de faire de mes rêves une réalité. Ce jour-là, j’ai eu une volonté vraiment incroyable que je ne suis pas près d’oublier. Je me suis donné des objectifs, et maintenant je les réalise. L’un de mes souhaits est d’accompagner et de soutenir des jeunes ou des adultes en situation difficile sur le plan social pour favoriser leur intégration et restaurer ou maintenir leur autonomie. L’une des raisons pour lesquelles je veux réaliser ce rêve, c’est parce qu’en analysant mon passé, dès mon année de 3e, ma conseillère d’orientation m’a proposé différents métiers qui ne correspondaient pas du tout à mes goûts. Je ne savais pas exactement quoi faire. J’ai également le souhait non seulement de laisser une trace positive derrière moi, mais aussi d’inspirer ceux qui ont en besoin et partir à la découverte du positif. Grâce à ce rêve, je pourrais être en mesure d’accompagner les personnes qui en ont besoin, pour construire leur projet de vie quotidienne. Leur redonner l’envie d’avoir une ambition, les aider à trouver et exercer un métier qui puisse les rendre heureux. Peut-être que cela leur permettra également d’être positifs et de retrouver goût à la vie. Pour finir, donnons-nous des objectifs et donnons-nous un plan. Visualisons-le comme si nous le réalisions et poursuivons-le comme tout fonceur le ferait. Quelle que soit la situation, nous devons toujours avoir et maintenir la conviction que nous sommes dans une mentalité positive, optimiste, persévérante, résiliente, prêts à atteindre nos objectifs. »

Tim Greacen