« Voici ma terre, ma mer, celle que je suis »

Fondation Cartier

Elle est là, debout devant sa toile plus grande qu’elle, un gros pinceau qu’elle tient à pleine main. Elle remplit d’une couleur vive cette toile qui représente sa terre, sa mer, comme elle dit. Elle nous fait partager l’intensité de cette histoire millénaire qu’on ne se transmettait que de bouche à oreille jusqu’à présent.

En découvrant les tableaux de Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori, artiste aborigène d’Australie, à la Fondation Cartier, on est sous le choc de cette débauche de couleurs et de l’énergie qu’elle nous transmet. C’est en visitant un centre d’art à Mornington que la peinture devient pour elle une révélation. Exilée de son lieu de naissance, séparée de sa tribu, de sa langue kaiadilt, elle peut, grâce à la peinture, retrouver les liens ancestraux, refaire vivre les lieux et les membres de sa famille et de sa tribu.
Elle peut ainsi renouer avec les traditions et les transmettre aux générations futures.

La force de sa peinture est telle qu’en quelques années, elle est considérée comme l’une des plus grandes artistes contemporaines australiennes.

Francis Carrier

Au fait, elle avait 81 ans quand elle a découvert la peinture.
Morte en 2015, elle aura peint avec intensité pendant neuf ans plus de 2 000 tableaux.
Cette femme fait vibrer sa vie, sa vieillesse avec force, joie et jubilation. On parle parfois de naufrage en parlant de la vieillesse, avec elle, c’est tout autre chose. D’abord un partage, ensuite une vitalité, mais aussi un moment d’incroyable créativité et enfin une transmission.

Francis Carrier

Fondation Cartier, jusqu’au 6 novembre 2022
sallygabori-fondationcartier.com