Attache-moi…

Affiche du film d’Almodovar

Attache-moi, le film d’Almodovar, explorait les fantaisies sexuelles du bondage. Mais dans le secteur vieillesse, quand on parle de contention, de liens, c’est rarement pour parler de jeux sexuels et de plaisir. 

Attacher les vieux n’est pas une pratique rare. En général, c’est pour les protéger d’eux-mêmes ou protéger les personnes à proximité. Les pertes d’équilibre et les actes de violence en situation de crise sont les principales causes de ces contentions. Cependant, dans certains cas, on utilise la contention pour éviter des comportements sexuels jugés inappropriés ou dérangeants. 

Dans les établissements de type Ehpad, on a peur des rencontres. Elles ne sont pas bien souvent du goût des familles. Selon les établissements, le personnel laissera faire, mais dans d’autres cas, on mettra en place des stratégies pour empêcher ces rencontres : changement d’étage d’un des protagonistes du couple, fermeture de la chambre, mise en place de barrières de lit…  Rendre impossible la rencontre se fera en utilisant différents moyens, mais le but ultime est d’éviter un acte qui dérange ! Et ce type de contention est finalement de la maltraitance. 

D’autres formes de contention sont répertoriées comme l’usage de « bambinettes serrées », sorte de justaucorps pour interdire l’accès aux organes génitaux, principalement pour éviter la masturbation. Ou l’usage de produits chimiques qui font chuter le désir sexuel ou provoquent des endormissements plus fréquents. La contention peut être légère, mais elle a le même effet qu’une contention brutale : interdire à la personne d’exprimer un choix ou interdire un comportement que l’établissement ne sait pas ou ne veut pas gérer. 

La sexualité des vieux en perte d’autonomie n’est pas vécue comme une situation normale, mais c’est toujours une pathologie, un dérèglement qu’il faut arrêter et qu’il faut guérir. L’institution va chercher à éradiquer toutes les manifestations que l’on considère comme des comportements déviants. Et au final, se donner du plaisir sera puni.

Francis Carrier