Toujours plus, toujours mieux : voilà que va surgir un Ehpad de 320 lits à Saint-Amand-les-Eaux. Mieux pour qui ? Tous les élus et l’Agence régionale de santé (ARS) se congratulent pour la pose de la première pierre de cet Ehpad gigantesque. Des emplois pour la commune, une construction qui répond aux dernières normes, un projet modèle ! Des économies en termes de gestion : les contrôleurs de gestion sont heureux…
Mais que dire pour les futurs résidents ? Tous les dysfonctionnements que les scandales actuels sur les Ehpad du secteur privé ont mis en avant ne seront que démultipliés. Comment imaginer que regrouper les vieux dépendants soit une bonne idée ?
Le Conseil National autoproclamé de la Vieillesse remet en cause ce modèle industriel de la gestion des vieux qui ne peut que produire de la maltraitance et qui tend à se rapprocher bien plus d’une usine à vieux que d’un lieu de vie où l’on a envie de finir sa vie. On rendra la vie en collectivité « supportable », nous dit le futur directeur. Belle ambition !
Ce dont nous avons besoin, ce sont des petites structures à taille humaine, dans lesquelles les résidents peuvent continuer à vivre comme chez eux, à leur rythme, entourés des objets qui leur rappellent leur vie, des lieux dans lesquels on peut continuer à avoir une vie la plus normale possible et créer des liens. « En cas de pandémie, on pourra isoler les résidents dans les différents bâtiments ! », se félicite encore le futur directeur. Et dans la presse, les seuls arguments portent toujours sur la sécurisation, oubliant systématiquement la liberté et le libre choix des personnes.
Il est ahurissant que des projets de ce type soient validés par les ARS qui se rendent coupables de continuer à les soutenir. Combien de scandales faudra-il pour enfin comprendre qu’il est nécessaire de s’engager sur des modèles respectueux des vieux et qui permettent à chacun de vivre sa vie en étant soi jusqu’à la fin de sa vie ? Après les fermes de mille vaches, allons nous tolérer les Ehpad de mille vieux ?
Francis Carrier